[Lecture] Nos vies - Marie-Hélène LAFON
Bonjour,
Lecteurs.com a eu, à nouveau, la
gentillesse de me faire parvenir ce livre. J'ai lu de très bons échos sur ce
roman. Pour ma part, il ne m'a pas transporté. Je vous explique pourquoi.
[Lecture] Nos vies - Marie-Hélène LAFON
⇰ Résumé :
La narratrice,
Jeanne Santoire (référence à la région natale de M.H. LAFON) "Elle aimait à prononcer mon nom, … parce qu'il était
aussi d'une belle rivière à truites de son pays d'enfance …"
[Madame Jaladis], a beaucoup d'imagination et brode sur la vie des personnages
qu'elle croise. Elle glane quelques vérités.
Jeanne ne se
retrouve-t-elle pas dans certaines vies fictives ? Les pans d'existence
imaginés lui font-ils envies ?
Les seuls
personnages dont on connaît vraiment le parcours, c'est Jeanne et sa famille.
Elle a toujours
fait cela et sa grand-mère, Lucie, aimait l'entendre raconter. N'est-ce pas,
pour aussi, occuper l'esprit de celle-ci. Après sa "première mort",
comme elle dit, elle ne voit plus.
Tous les
vendredis, et les mardis aussi, Jeanne, environ 60 ans, fait ses courses au
Franprix de la rue du Rendez-vous à Paris 12ième. Elle se dirige toujours vers
la caisse 4 où se trouve la caissière, Gordana.
À la même heure,
entre 11 h. et 11 h. 20, le vendredi seulement, elle se trouve devant ou
derrière "l'homme sombre", Horacio Fortunato. Celui-ci a un petit
penchant pour la caissière qui reste indifférente.
La retraitée va
"inventer" une vie à Gordana et Horacio en se servant de petits
détails remarqués au cours de ses courtes rencontres.
"J'ai l'œil, je n'oublie à peu près rien, ce que j'ai
oublié, je l'invente."
Ils vont faire
partie de son quotidien au moyen de ce subterfuge.
Le passé et le
présent des inconnus que Jeanne croise régulièrement, est entrecoupée par la
vie réelle et les désillusions de la narratrice.
Elle nous présente
ses parents qui ont repris l'épicerie familiale. On découvre alors son enfance.
Georges et Suzanne
Demy, les amis de ses parents, qui ont élevé un neveu, Lionel, orphelin.
Karim, son
compagnon pendant 18 ans, parti sans explication. Il n'a jamais été reçu dans
la famille de Jeanne. Il est Arabe.
Une grande place
pour sa grand- mère maternelle, Lucie.
On fait aussi la
connaissance de Madame Jaladis, sa voisine, qui habite depuis 70 ans dans cet
appartement. Elle est née à Saint Amandin dans le cantal.
Tous ces portraits
semblent réels. Jeanne a un don pour nous entraîner dans son rôle de voyante.
Réalité et fiction
s'entremêlent, au lecteur de démêler l'écheveau.
- Les personnages principaux (pas beaucoup de détails, sur certains, car ce que l'on lit, sort de l'imagination de Jeanne)
Gordana : gauchère, blonde, cou
charnu, seins pulpeux : "Les seins de
Gordana ne pardonnent pas, ils dépassent la mesure …" P.12
Horacio Fortunato : 45 ans, né à
Paris. Ses parents sont Portugais, gardiens d'immeuble rue Adolphe-Focillon.
Petit tassé, ramassé, et puissant, tempes grisonnantes.
Grand-mère Lucie : a eu une attaque
qui l'a rendue aveugle. Son mari, Augustin, était régisseur. Elle a vécu 15 ans
chez les parents de Jeanne avant son décès.
Madame Jaladis : veuve du 4ième étage,
a un fils Jean-Jacques qui habite à Saint Valéry en Caux.
Karim : Rencontre Jeanne en mars 1967.
Jeanne Santoire : la narratrice, à la
retraite. Elle était comptable. Elle a 3 frères dont des jumeaux et Denis. Elle
est née 11 ans après eux.
Et bien d'autres …
comme
Georges Et Suzanne Demy : Amis des
parents de Jeanne. Leur neveu, orphelin, a eu une fille et est décédé à 70 ans
Bruno : amoureux de la narratrice en
classe de troisième
Isabelle : collègue de travail de
Jeanne. Elle a 4 enfants dont des jumelles. Elle a habité Paris, avec son mari
Laurent, pendant 11 ans. Ensuite, ils partent à la Verrière.
Régis : Magasinier au Franprix,
chauve, très grand, est né dans le même village que Madame Jaladis. Jeanne a vu
Gordana avec lui, elle riait.
⇰ Mon impression :
La solitude est le
mot-clef de ce roman. Dans Paris, tout le monde se voit, se rencontre,
s'observe, mais se parle rarement.
La différence est
aussi évoquée, aussi bien physique que morale ainsi que le rejet de l'autre.
Une lecture qui
m'a déroutée et m'a pris plus de temps que prévu. Le nombre de pages ne peut
pas en être la cause, 185.
Pas facile de vous
en parler et vous donnez l'envie de le lire. Pourtant je suis certaine que
beaucoup de lecteurs vont aimer (il y a de bonnes critiques).
Pas de chapitre,
des personnages, pas très nombreux mais, énigmatiques. Des vies semées de vrai
et faux que Jeanne nous distille … au conditionnel.
Il faut être
attentionné pour lire ce roman. Prendre des notes ne simplifie pas notre
lecture, il faut démêler la vérité et l'imaginaire de la narratrice.
Marie Hélène
LAFON, avec une belle prose, nous décrit des personnages aussi bien
physiquement que moralement.
Les descriptions
précises nous permettent de visualiser chacune. C'est comme si nous avions la
vidéo de surveillance du supermarché sous les yeux.
Elle laisse aux
lecteurs le plaisir de donner une suite aux vies que Jeanne a tissé ou même sa
propre vie. Une belle note d'espoir !
Le personnage de "Gordana" est née en 2012 dans une nouvelle
éditée aux Éditions du chemin de fer
En résumé (avis très personnel), à vous maintenant :
+ les habitudes
verbales des personnages (s'enroutiner, les commissions, le cuiller)
+ Longues phrases
qui donnent du rythme à la lecture
- Pas de
ponctuation dans certaines phrases, déroutant et difficile à lire.
- Un défilé
d'adjectifs sans ponctuation
- Pour ma part,
aucun attachement aux personnages
Challenge 26 livres /
💜 6/10
Titre : Nos vies
(24 août 2017)
Auteur :
Marie-Hélène LAFON
Éditeur : Buchet - Chastel
Collection :
Littérature française
ISBN :
978-2-283-02976-3
Nombre de page
(papier) : 183
Prix : broché 15
€/numérique 10 € 99
Ce livre vous
tente, vous pouvez le trouver ICI
(non sponsorisé)
Merci à l'auteure
Marie-Hélène LAFON, à la maison d'édition Buchet
- Chastel et Lecteurs.com pour cette
proposition de lecture.
Lisez l'interview
de l'auteure ICI,
vous en apprendrez un peu plus sur le livre
Magazine LIRE N° 457 juillet - août 2017 et N°
459 octobre 2017
⇰ Mots pour ce livre :
Solitude,
mélancolie, Paris, supermarché, imagination, souvenir, hypothèse, urbain,
ville,
⇰ phrases du livre :
"J'ai l'œil, je n'oublie à peu près rien, ce que j'ai
oublié, je l'invente." P.16
"Elle appelait son attaque le jour de sa première mort
; elle était gaie, pas accablée du tout, vive, débarrassée, elle disait ça
aussi, débarrassée." P.16
"Elle disait que ça n'était pas le noir, elle parlait
d'une sorte de kaléidoscope, ça remuait, des lueurs, ou des luisances, des
vagues verticales comme un rideau de pluie dans le brouillard. Personne ne
pouvait savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la première mort de
grand-mère Lucie." P.18 /19
"pendant quarante ans je me suis enfoncée dans le
labyrinthe des vies flairées, humées, nouées, esquissées, comme d'autres
eussent crayonné, penchés sur un carnet à spirale." P.25
"On ne fait pas de sentiment en caisse 4 au numéro 93
de la rue du Rendez-vous la mal nommée." P.37
"Mon père avait son mot pour ça, s'enroutiner ; il
s'était enroutiné dans l'épicerie de ses parents …" P. 68
"… je me suis sentie presque vexée de ne pas m'en être
aperçue plus tôt, moi qui croyais avoir l'œil à tout." P.78
"Quand elle me faisait réciter mes conjugaisons, à
l'école primaire, elle choisissait toujours des verbes joyeux, nous les
appelions les joyaux de la couronne, récite-moi un joyeux joyau du troisième
groupe Jeanne, … nous avions des favoris, revivre, comprendre, résoudre … mais
rire était notre préféré." P. 99
"… au point que le cancan tue le commerce et les gens
avaient été pour eux une sorte de devise …" P.169
"Isabelle disait que le chant réparait, et consolait
de tout parce qu'il montait du ventre pour se mélanger à l'air, à la lumière, à
d'autres voix, à la musique ; elle disait que le chant inventait de la joie."
P.176
Pour en savoir un peu plus :
⇰ L'auteure :
Marie-Hélène LAFON
(1962) est née à Aurillac. C'est dans un pensionnat, à Saint-Flour, qu'elle
suit sa scolarité. Ensuite, elle est admise à la Sorbonne.
Elle est
professeur agrégée de lettres classiques. Elle partage sa vie entre Paris où
elle enseigne dans une ZEP (Zone d’Éducation
Prioritaire) et le cantal.
Le monde paysan et
la solitude, très présente dans "Nos vies", sont ses thèmes de
prédilection. Elle est très attachée à sa région de naissance, à la rivière, La
Santoire, qui la traverse. Un rappel viscéral dans chaque roman.
⇰ L'éditeur Buchet - Chastel :
Voici comment la
maison d'édition se présente :
Les
Éditions Buchet/Chastel appartiennent au Groupe Libella, aux côtés des Éditions
Phébus, Libretto, Noir sur Blanc, Les Cahiers dessinés et Le Temps Apprivoisé.
La
spécificité de ce Groupe, présent au niveau européen, tient à sa totale
indépendance financière et à la diversité de sa production éditoriale.
Buchet/Chastel
est une maison d’édition généraliste qui publie de la littérature française et
de la littérature étrangère, des essais, des documents, des biographies, des
livres sur la musique et sur l'écologie.
⇰ Distinctions :
Prix Renaudot des
lycéens (2001) "Le Soir du
chien"
Prix Renaissance
de la Nouvelle (2003)
pour "Liturgie"
Prix Page des libraires (2009) pour "L'annonce"
Prix
Paroles d'encre (2009) pour "L'annonce"
Prix Marguerite
Audoux (2009) pour "L'Annonce"
Prix La Montagne /
Terre de France (2009) (Foire du livre de Brive-la-Gaillarde) pour "L'Annonce"
Prix du Style (2012) pour "Les pays"
Globe de cristal (2013) pour "Les pays"
Prix Arverne (2013) pour "Les pays"
Prix Goncourt de
la nouvelle (2016)
pour "Histoires"
⇰ D'autres titres écrits par cette auteure :
"Le soir du
chien" (2001) roman
"Liturgie"
(2002) nouvelles
"Sur la
photo" (2003) roman
"Mo"
(2005) roman
"Organes"
(2006) nouvelles
"Les derniers
Indiens" (2008) roman
"L'annonce"
(2009) roman
"Gordana"
(2012) nouvelles
"Les
pays" (2012) roman
"Album"
(2012)
"Traversée"
(2013)
"Joseph"
(2014) roman
"Chantiers"
(2015)
"Histoires"
(2015) nouvelles
⇰ Télévision :
En 2015, téléfilm
adapté du roman "L'annonce" (2009) réalisé par Julie
Lopes-CURVAL, avec Alice TAGLIONI et Éric CARAVACA.
⇰ La couverture :
Photo de la
couverture (Photo éditeur) :
Expos Paris Albert
Marquet | Musée d'Art Moderne 2016
"Persienne
verte" 1944 - 1946
Le 14 juin 1947,
Albert Marquet décède des suites d'un cancer, à l'âge de 72 ans.
⇰ Un des nombreux commentaires qui correspond à mon ressenti :
"Un
roman attachant sur le monde urbain et ses solitudes." Version Femina.
"Marie-Hélène
LAFON s’éloigne du monde rural pour sonder avec délicatesse l’isolement
urbain." Corinne Renou-Nativel. La
Croix.
Autres chroniques
sur ce livre :
Et vous alors, qu'en avez-vous pensé ?
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